24 déc. 2022 18:54
J'aime donc je suis
J’aime parler de relations, d’émotions, d’amour, de sexe. Et analyser, observer, décortiquer.
Et puis, j’ai très envie de déconstruire plein de schémas pré-établis. Je ne me suis jamais sentie à l’aise dans le couple hétéro exclusif. Je ne comprenais pas pourquoi il était évident qu’il fallait être fidèle si le sujet n’avait jamais été abordé. Je ne comprenais pas non plus pourquoi mes amies faisaient passer leur relation amoureuse avant tout le reste.
Je rêvais d'amitiés puissantes, d'amours libres, de simplicité.
Sans avoir toujours les moyens de mes ambitions d'une part, et en réalisant peu à peu que les normes sociales étaient contre mes rêves, d'autre part.
Je suis passée par mal de phases, que je raconterai peut-être sur ce blog au fil des semaines : couple monogame classique, avec un enfant à la clé, divorce, puis la rencontre avec le milieu militant anarchiste et féministe, et la découverte d’une autre manière de vivre, où je pouvais construire des amitiés et des liens amoureux différents de ce que j’avais connu jusqu’alors, et auxquels j’aspirais depuis très longtemps. C'était une véritable bouffée d'air frais, et un espoir immense.
J’ai enfin pu goûter à une vie en colocation qui ne se résumait pas à partager le loyer et quelques repas : ces personnes sont devenues mes ami.e.s proches, très proches. La plupart d’entre nous ne travaillant pas, nous avons tout le temps de réfléchir, construire, déconstruire, inventer, rêver, chiller en buvant du thé ou en écoutant des podcasts.
Quelques expériences polyamoureuses, toutes hétérosexuelles, qui m’ont apporté de l’expérience mais surtout la conscience plus accrue encore que le patriarcat pourrit les relations au détriment des femmes, et qu’en tant que femme (cisgenre), je me suis souvent sentie peu écoutée, peu comprise. Et j’ai souvent croulé sous le travail relationnel, la pédagogie : enseigner la communication, le sexe consensuel et hors des sentiers battus, amener les sujets qui fâchent. Même si parmi mes amoureux certains m’ont aussi appris des choses, j’ai eu souvent le sentiment d’apprendre seule, en tirant les enseignements d’une relation par moi-même, avec l'aide de mes amiEs, bien plus que de mes amoureux. J’ai donc beaucoup quitté. A contrecoeur la plupart du temps, en assumant que pour me préserver je devais sortir de la relation amoureuse.
J’ai aussi fait des pauses des relations romantico-sexuelles. Et cela m’a fait un bien fou. Je n’en pouvais plus d’y mettre tant d’énergie : qu’est-ce qui n’allait pas chez moi pour que mes émotions soient si fortes, que ça me prenne autant la tête ? A défaut d’avoir une réponse, je me suis reposée, et me former à la psychothérapie m’a permis d’apaiser certaines parts de moi, d’accepter sans condition la haute exigence qui est la mienne dans les relations. Je choisissais bien mes amours platoniques alors pourquoi ne pas m’en contenter ? En attendant d'être capable de choisir aussi bien mes amours romantiques.
Aujourd’hui, j’ai de nouveau une relation romantico-sexuelle, et j’ai envie d’aller plus loin que le polyamour, j’ai envie de rendre visible mes réflexions, mes tiraillements sur comment défaire le cloisonnement amitié/amour. Mes difficultés face à la jalousie dans mes relations amicales et amoureuses, comment traverser les émotions moins faciles, comment avoir le courage de les dire au grand jour. Comment construire des amours, platoniques ou non, sexuelles ou non, qui soient source d’épanouissement, de joie, de solidarité, de tendresse. Comment, in fine, construire des liens forts qui rendent heureux.ses, qui donnent de l’énergie plutôt qu’ils n’en siphonnent.
Les relations humaines sont au coeur de ma vie, de mes préoccupations et même de mon métier (je suis travailleuse du sexe et certifiée en sexothérapie, future psychothérapeute).
Dans un monde dont on ne sait s’il sera encore vivable demain et encore moins après-demain, il me semble que revenir à l’essentiel, c’est-à-dire l’amour, et s’en couper le moins possible, est une belle façon de faire la révolution. De préférence sans dogme ni injonctions, mais avec humilité (je l'espère), douceur et persévérance. Et sans complaisance.
J’accueille aussi sur ce blog les participations anonymes ou non, tout texte parlant de relations affectives, quelles que soient leur nature (amitié, ami-mour, polyamour, anarchie relationnelle, monogamie, amour parent-enfant, amour humain·e/animaux/plantes, etc.), et tant qu’il y a une conscience et une envie de déconstruire les normes, quelles qu’elles soient.
Tu peux soumettre un texte en me contactant par mail.
