À CHAUD D'UNE ANECDOTE CHOQUANTE D'UNE TRISTE BANALITÉ.

Tu te souviens du coup de gueule ?

Un coup de gueule, ça s'écrit à chaud, la colère qui te coule dans les veines, un feu qui te brûle le sang. Perso ça m'a permis de déchirer un instant le masque de « bienséance » que j'applique au quotidien pour garder mes relations avec tout·e·s celles et ceux qui ne sont pas aussi épuisé·e·s que moi (c'est un euphémisme) par le patriarcat.
Cri de rage qui pousse entre les mots, qui hurle entre les ligne. Ça fait un bien fou...
Et pourtant, toujours cette petite voix au fond de moi : « est-ce que je n'en ai pas trop fait ? ».

Ce coup de gueule que j'avais écrit, je l'ai partagé entre autre aux copines que je côtoie au quotidien. Mais ça ne leur parle pas, même si elles m'entendent. Donc il y a toujours un moment où je fais l'effort de modérer mes propos, j'ai pas envie de mettre à l'écart des gens que j'aime parce qu'iels ne pensent pas comme moi.

Puis... il y a EUX avec qui je n'ai pas DU TOUT partagé mon texte parce que soit, ils ne le liront pas, soit, j'ai peur que ça les vexe. Je prends soin de mes pauvres choux. (AAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHH!!!!!!!!!!!)
Je me faufile avec de l'humour, avec de la taquinerie et autres techniques parce que j'ai peur de passer pour la reloue de service, la féministe hystérique, celle qui casse l'ambiance pour des choses qu'iels considèrent comme des broutilles.

Je sais pas trop quoi penser de cette manière de réagir de ma part, que je voudrais subtile et piquante, mais qui me sert aussi à profiter de certain·e·s potes en cachant le dragon qui fume en moi.

J'ai assisté à un truc de fou la semaine dernière.

On allait dîner entre potes au restau. En y allant à pied, je croise le couple (hétéro) que je côtoie le plus souvent (iels étaient en voiture).
J'arrive de loin, leur caisse était en train de faire un créneau à l'arrache entre deux platanes, en galérant un peu, j'étais morte de rire... Derrière leur voiture, le conducteur d'une camionnette était en train de s'asseoir sur son klaxon horripilé par ce stationnement sauvage en cours. Ta gueule connard que j'ai marmonné dans ma barbe à 50 mètres de l'évènement.
Franchement j'ai sincèrement pensé que c'était le monsieur du couple qui tapait son trip « rien à foutre j'me gare où j'veux ».
Naaaaan c'était ma pote ! J'la kiffe.
J'arrive au niveau de la voiture, monsieur ouvre sa fenêtre passager et me dit : « bah tu peux y aller hein, parce vous allez avoir le temps de manger le temps qu'on arrive »
J'ai bien évidemment compris le sous-entendu horripilant.
J'ai dit d'un air étonné « ah bon ? Pourquoi ? »
Il a pas su quoi répondre.

J'ai attendu que la manœuvre se termine (en toute perfection concernant mon point de vue). Et puis on a fait le reste du chemin à pied ensemble.
Ma pote avait tapé un doigt d'honneur au conducteur de la camionnette j'était juste EXPLOSÉE, je suis tombée de rire dans ses bras.
Monsieur était outré. « Non mais tu te rends pas compte ! Blablabli blablabla »
Ma pote « Ça va, je peux me défendre toute seule ! »

Soit il faut qu'elle arrête de me côtoyer, soit ....
Non la vérité c'est que je me suis mise sur le piédestal de la plus féministe d'entre nous.
La femme forte, badass, célib. Ouais ouais.
Mais d'abord de toute façon, je suis quand même la plus féministe d'entre nous.
Mais oui je me suis mise sur un piédestal.

Bref, pour continuer l'histoire, monsieur ne s'est pas arrêté là ! On s'installe pour l'apéro, et puis là... Il nous sort une putain d'illustation sur son téléphone : une jeune nana qui fait un créneau, et quand elle l'a fini, elle est devenue octogénaire. Genre « femme au volant, mort au tournant » tu vois.
Là. Là... Bah je suis encore restée calme.
« Naaaan mais t'es sérieux là ? » Ai-je dit en rigolant !
Je lui prends son téléphone et je lui dis que je le confisque jusqu'à ce qu'il devienne sage (en gros).
J'ai placé quand même que c'était misogyne, l'autre monsieur à ma gauche me dit « ouaiiiis enfin c'est plutôt sexiste quand même faut pas exagérer ».
Faut pas exagérer...
Bon là j'avoue, j'ai noyé le poisson. J'aurait peut-être mieux fait de noyer le poison. Dans l'eau de son verre. Ça y'est.

La moutarde me remonte au nez.

Si tu te souviens bien, j'ai commencé à te raconter cette anecdote en disant « j'ai assisté à un truc de fou la semaine dernière. C'est malheureusement tristement, totalement, horriblement banal. La vie d'ma mère, j'en reviens pas d'avoir appelé ça une anecdote.

Douce amnésie, je retourne avec toi dans mon lit.
Avec nous veille le dragon de mon dépit.
Prends soin de toi.

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