Le coeur & la raison

Le week-end que nous avons passé ensemble la semaine dernière m'a laissé un merveilleux goût dans le coeur et dans le corps. Un goût de douceur, un goût d'intensité. Mais aussi, un goût de peur et d'inquiétude. Plusieurs choses fortes et contradictoires se sont mélangées en moi à la fin du week-end, et ont fait naître une forme de chaos. Je t'ai dit des envies que j'avais avec toi, et que je n'ai jamais eues auparavant, ni seule, ni dans une autre relation amoureuse ou sexuelle. Ces envies ont pu naître parce que j'accède dans cette relation à une confiance sans cesse approfondie, et qui prend aujourd'hui des proportions qui me dépassent un peu. Je sens poindre en moi un désir de me montrer plus vulnérable que je ne l'ai jamais fait, en tous cas avec un homme. Et la réalisation de ce désir, me fait complètement paniquer. Es-tu prêt à recevoir cette confiance ? As-tu même conscience de ce que cela implique en terme de responsabilités ? Imagine tu les attentes que je risque de placer en toi si cela arrivait ? Sincèrement, je pense que rien n'est moins sûr, d'où ma peur.

Ensuite, tu m'as annoncé que tu n'auras bientôt plus de voiture. Et que, dans le mois qui arrive, tu ne feras aucun aller-retour depuis la ville où tu emménages, jusqu'à chez moi. Tu m'as dit aussi, que le fait qu'on s'échange moins de messages, te faisait du bien.

Il est temps pour moi d'être honnête avec moi-même, et ensuite avec toi lorsque je serai plus au clair avec mes propres pensées, qui tourbillonnent et s'entrechoquent, provoquant un triste bordel dans ma tête et dans mon coeur. Il est temps pour moi de regarder les faits, le réel, et d'en tirer des conclusions.

Ce dont j'ai envie actuellement avec toi, c'est :

• qu'on se voie 1 fois par semaine à minima
• que quand on se voit pas, on communique très régulièrement par message ou tél, qu'il y ait une certaine fluidité
• que la relation ne demande pas trop d'efforts

Sauf qu'en fait, c'est tout l'inverse qui se passe. Depuis le début, tu es moins disponible que moi, car tu as des soucis d'argent, et tu as un p'tit côté workaholic qui fait que tu es en permanence débordé de travail. Par-dessus cela, tu as fait le choix de prendre un travail à plein temps, dans une ville à 300km où tu viens de déménager, et tu n'en peux plus des aller-retour incessants que tu as dû faire pour préparer ton déménagements les week-ends, et me voir.

Donc, aujourd'hui. Dans les faits,

• tu habites à 300km
• il y aura un mois entier où si je ne fais pas la route, on ne se verra pas, et ensuite, peut-être qu'on se verra 1, max 2 fois par mois
• cela demandera beaucoup d'efforts d'organisation, pour toi comme pour moi
• tu n'aimes pas communiquer beaucoup à distance

Autant dire qu'entre ce qui se passe réellement, et mes envies, ce à quoi j'aspire, il y a un énorme fossé.

Ça me rend triste quand tu dis que ça te fait du bien de moins échanger de messages, ça me rend triste quand tu me dis que tu ne feras aucun aller-retour pendant un mois, sauf pour aller à un concert. Ça me rend triste, et en colère, de voir à quel point je mets mon énergie dans une situation qui est à l'inverse de ce que je veux. J'en prends tout juste conscience, et c'est ma peur qui m'a permis de mettre le doigt dessus. Je me rends compte que la place que je donne à cette relation, est disproportionnée par rapport à l'énergie que toi, tu peux y mettre. Je savais déjà que ton temps limité me faisait me sentir à l'étroit, mais je pensais qu'on trouverait un équlibre communicationnel qui compenserait. Le fait est que non.

A ce stade, je suis tellement embrouillée, je ne sais encore tellement pas quoi faire avec tout ça, que je ne sais plus de quoi j'ai envie. Ai-je même envie de te voir en ce moment-même ? Ai-je envie qu'on s'appelle ? Visiblement non, puisque je n'ai pas essayé de le faire alors que tu me l'as proposé. Ai-je envie de rompre ? Eh bien, non plus.

Ce que je vois, en filigrane, dans la confusion qui m'habite, c'est qu'il est temps de modifier quelque chose. Que moi, je modifie quelque chose. Il est temps que je remette cette relation à sa juste place, si je veux qu'elle continue de me rendre joyeuse. Instinctivement, je me suis dit que je n'allais pas faire l'effort d'un aller-retour non plus, que j'allais calibrer ma manière de m'investir, sur ce que tu peux donner. C'est peut-être un peu par fierté, mais pas que. Ça me demanderait beaucoup d'efforts de le faire, et là, tout de suite, j'en ai pas envie. Ça changera peut-être, on verra.

J'ai déjà modifié cette semaine, ma manière de communiquer. Je me suis mise en retrait, pour pouvoir observer mes pensées et attendre que l'envie du lien revienne. Je ne t'ai pas encore dit tout ce qui me passe par la tête, parce que c'est tellement flou que je ne crois pas que ce soit le moment. Et puis, ça te fait des vacances, donc je ne suis pas sûre que ce soit gênant pour toi.

J'aimerais réussir à désinvestir un peu cette relation. La ranger dans le même tiroir que mes autres relations à distance, ce tiroir qui fait que ces relations ne sont pas sur le devant de la scène chaque jour. Elles sont importantes, je les chéris, et les personnes en question ne sont absolument pas secondaires dans ma vie bien au contraire, mais elles me prennent peu d'énergie au quotidien. Voilà ce que j'aimerais : que ma relation avec toi me prenne moins d'énergie au quotidien, que la distance ne me fasse pas souffrir, sauf peut-être ponctuellement, mais en tous cas, pas toutes les 5 mn et que j'arrête de guetter les messages parce que sincèrement, c'est USANT.

Mais je ne sais pas si j'en suis capable. Je n'ai jamais fait cela dans une relation amoureuse. Je ne sais pas si l'on peut "décider" de faire ça. En tous cas, j'ai décidé d'essayer.

J'ai décidé de me recentrer sur ma vie, sur mes ami·e·s proches géographiquement. J'ai aussi ouvert la porte à d'autres potentielles rencontres amoureuses. J'élargis mes possibles, je défocalise.

Je suis persuadée que si j'arrive à cela, je ne le regretterai pas. Cela me donnera plus de liberté, plus de souplesse, et au final cela pourrait renforcer notre lien. J'ai très envie d'essayer.