Relation hétéro et travail relationnel (3)

Par ici si tu as loupé le billet 1, et le billet 2.

Dans ce billet, je souhaite faire un retour, après quelques mois d'expérimentation de notre système de travail relationnel.

Pour rappel, la proposition faite était la suivante :

- 2 discussions par mois

  • une "bilan mensuel de relation" où on partage autour des points suivants : besoins, envies, peurs, comment on se sent, sexualité (plus ou moins hein)
  • une à partir d'un support, type podcast, brochure, extraits de livre, vidéo ou autre

- c'est chacun·e son tour de gérer les discussions, à savoir, proposer une date, proposer un format en amont (on peut reprendre un format déjà fait l'idée c'est pas de faire un truc de fou non plus), penser à un support et le proposer

C'est moi qui ai tenu à ce qu'il y ait cette histoire de "chacun·e son tour" de gérer le truc. Parce que, pas folle la guêpe, je voyais venir le truc gros comme un maison sinon, que ça allait être moi qui allais y penser pour deux. Bon mais même comme ça, y a encore grave moyen de "tricher", je vais en parler plus loin.

Les points positifs

  1. Ça m'a TELLEMENT détendue du slip ! Mais genre, vraiment ! J'ai ressenti un soulagement immédiat, dès qu'on a mis en place le système. Avant ça, je rongeais mon frein, y avait plein de sujets en suspens et j'étais la seule à les remettre sur la table. Là, d'un coup, j'ai commencé à me sentir légère dans la relation. Ça ne m'était jamais arrivé en relation amoureuse (hétéro). Mais vraiment j'ai pu réellement sentir dans mon corps, que ce que je savais mentalement (les mecs cis het' peuvent être sereins dans leurs relations parce que y en a une qui réfléchit pour deux), était bien un vrai truc de la vie réelle. PLUS JAMAIS je ne me lance dans une relation hétéro sans mettre en place un système comme celui-ci. Ça a été une révélation pour moi. Et le prochain coup, j'attends pas 6 mois que le monsieur daigne enfin, sous la torture, penser au truc. Limite au premier date j'en parle XD.

  2. J'aime beaucoup le fait qu'il y ait des temps réservés aux discussions de fond. Parce que du coup, on y réfléchit en amont, et quand c'est l'heure de la discussion, y a déjà pas mal de choses qui ont été déblayées.

  3. Je crois vraiment que ça donne une bonne qualité de discussion et d'écoute, parce que tout le monde est ok pour discuter là maintenant. Personne n'est pris au dépourvu, au détour d'une engueulade

  4. Partir d'un support pour discuter, ça m'a grave permis d'introduire plein de notions féministes facilement. J'ai beaucoup moins le sentiment de devoir me justifier par exemple : il y a la copine féministe qui a fait le podcast ou la brochure, du coup, on est deux, je suis pas toute seule avec mes idées. Et aussi ça permet de débattre, de se poser des questions sur ce qu'on pense de tel ou tel passage. Bref ça a donné lieu à de très choeuttes partages entre nous.

  5. La responsabilité est partagée. Le fait de suivre un truc formel, ça acte que la méta-discussion, est indispensable pour se comprendre et avancer, et que ça concerne les deux parties à part égale, et pas juste la personne la plus sensible/attentive aux dynamiques relationnelles

Les points négatifs

  1. Le petit côté "réunion de travail", c'est pas très funky. Ça peut être un peu lourd dans une relation à distance comme c'est notre cas, car ça prend beaucoup de place. Mais bon moi ça me paraît un peu normal dans un début de relation qu'il y ait besoin de beaucoup d'ajustements.

  2. Ça n'empêchera pas le moins motivé des deux à se reposer sur l'autre. En décalant, en laissant traîner sans proposer de date, etc... c'est ce qui est arrivé. Je me suis retrouvée, finalement, même quand c'était pas mon tour, à m'enquérir de quel jour on allait parler pour être sûre que ça passe pas à la trappe quand on se voyait.

  3. Parfois, c'est la crise même en dehors des temps de discussion et du coup, bah, on a aussi discuté en-dehors de ces moments-là. Peut-être que c'était aussi dû au fait que les dates se décalaient trop...

Voilà je ne vois pas vraiment d'autre défaut.
Moi clairement, je valide à fond ce système. Surtout en étant rigoureux·se sur le fait de se tenir à la régularité. Je pense vraiment qu'en passant par du formel, ça peut grave éviter des crises. Par contre faut que les gens soient de bonne foi. Contre de la mauvaise foi/volonté, aucun système ne peut rien.

Je crois que ça donne une bonne idée de comment on fonctionne.
Ceci étant, entretemps, il y a eu un nouvel aménagement : en ce moment, j'ai décidé de faire grève du travail relationnel, pour plusieurs raisons que je détaillerai dans un autre billet. Et donc le deal c'est que c'est lui qui gère tout : les dates pour se voir, les discussions, les thèmes, tout. Je suis en vacances. Et, honnêtement, j'avais carrément hésité, au début de la mise en place, à proposer que pendant 6 mois, ce soit lui qui gère tout vu que j'avais été la seule à lancer les discussions pendant les 6 premiers mois. Mais j'avais pas osé... eh ouais il m'arrive encore de pas oser être trop radicale alors que franchement, je trouve que ça aurait été tout à fait juste de faire comme ça.

A partir du moment où on a commencé à faire ça, j'en ai beaucoup parlé autour de moi tellement je trouvais ça trop chouette. Et ça a fait des petits : j'ai au moins deux copines en couple hétéro qui ont eu envie d'essayer, et une l'a mis en place dans sa relation (l'autre je sais pas).

Si tu fais déjà ça, ou que tu as mis en place d'autres manières de partager ce travail, ou que tu penses le faire, hésite pas à donner des détails en com' ça m'intéresse grave !

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